Séjour Cotentin printemps 2024

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Cathédrale Notre Dame de Coutances

Viaduc de la Soulles

Château de Pirou

Légende des oies de Pirou

Blanville sur Mer

Orval sur Sienne

Ile de Guernesey

Victor Hugo a déjà quatre ans d’exil derrière lui lorsqu’il débarque à Guernesey. Une errance contrainte et forcée après avoir osé fustiger, en France, la prise de pouvoir de Napoléon III. Ce fut alors la fuite à Bruxelles en 1851, puis à Jersey, de 1852 à 1855, avant d’accoster dans le port de Saint Peter le 31 octobre 1855. Hugo découvre cette charmante petite ville accrochée à la côte ouest de l’île, ses remparts et ses enfilades de rues pavées, se faufilant entre de pittoresques maisons de pierre. Il pose d’abord ses valises à l’hôtel de l’Europe (aujourd’hui disparu), puis dans un meublé au numéro 20 de la rue Hauteville. Mais « n’ayant plus la patrie, je veux avoir le toit », écrit-il, et grâce au succès de ses Contemplations, il achète quelques numéros plus loin, au 38, celle que l’on surnommera la Hauteville House. Élevée sur cinq niveaux, toute de blanc vêtue, elle surplombe la ville et la baie de Havelet (où aimait se baigner Hugo). Un havre de paix devenu un site de pèlerinage incontournable pour tous les visiteurs de l’île.

Il y achève ses Misérables, y écrit L’Homme qui ritLa Légende des sièclesLe Théâtre en liberté et surtout Les Travailleurs de la mer, formidable récit planté dans le décor de sa terre d’accueil. L’église Saint-Samson et Vale Castle y occupent notamment une place privilégiée. « Je dédie ce livre au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l’île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. » On retrouve dans le roman d’Hugo la puissance de la mer et cette alliance étonnante de roche et de verdure, d’âpreté et de douceur qui donnent à Guernesey ce caractère si particulier et qui vous saisit toujours lorsque vous y accostez.

Lieu de création mais aussi création à part entière, la maison de Victor Hugo a été l’« autre » chef-d’œuvre de son exil à Guernesey, l’écrivain en ayant pensé, aménagé et mis en scène le moindre recoin. Chaque étage, chaque pièce témoignent de son incroyable profusion créative, entre tapisseries du XVIIIe, faïences de Delft, menuiseries réalisées sur mesure et objets divers chinés ici et là… Rien n’est laissé au hasard. Son fils Charles parlera d’un « autographe en trois étages ». Déambulez depuis l’ombre du rez-de-chaussée jusqu’à la lumière du belvédère et amusez-vous à déchiffrer tous les « messages » disséminés par le maître, comme cette célèbre inscription latine qui orne la porte de la salle à manger : exilium vita est« la vie est un exil ». Passer la porte du 38 rue Hauteville, c’est plonger « physiquement » au cœur même du génie hugolien et de sa démesure.

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